Je
vous propose un feuilleton en plusieurs épisodes (une dizaine, un par jour...) que
j'ai déjà publié ailleurs, jadis, sur le thème de l'identité nationale,
feuilleton bien peu romanesque, je vous l'accorde, appelé le « mythe identitaire », on
verra pourquoi vers la fin, du moins ceux ou celles qui m'accompagneront
jusque la fin. Il y a de l'Histoire surtout, de la politique, un peu de
réflexions philosophiques et des problèmes actuels et « brûlants » vers
la conclusion ... Evidemment, même si cela est saupoudré de quelques
réflexions personnelles, tout n'est pas sorti de mon petit cerveau un
peu fatigué. Vous aurez les références essentielles en dernière partie.
Plus que jamais, en
ces temps de globalisation, de mondialisation, de communication
planétaire, reviennent comme de vieilles rengaines les thèmes, de la
communauté, du communautarisme, de l'identité… et même du repli sur soi.
A l'heure où les peuples s'ouvrent sur le monde, on ne s'est jamais
autant réclamé d'une langue, d'une culture, d'un territoire, d'une
religion, d'un mode de sexualité, bref d'un particularisme quelconque…
C'est logique d'une certaine manière. Plus le monde s'ouvre, plus les
menaces réelles ou fictives peuplent notre imaginaire et plus l'on se
replie sur soi. Vieux réflexe atavique...
J'ai réfléchi
longtemps sur ce problème et pour éviter que vous vous endormiez
subitement sur vos claviers au risque de vous casser le nez sur la barre
d'espacement, je vais vous présenter en petits épisodes (mais le
suspense manquera d'intensité, j'en ai bien peur) le fruit de mes
petites cogitations, comme on dit, que vous trouverez peut-être un peu
amer, pas assez mûr, avec trop de pépins ou trop mûr et bon pour faire
des confitures… Tout cela n'engage que moi… Mais les problèmes cruciaux,
actuels seront abordés vers la fin, dans le dernier épisode (on garde
le meilleur pour la fin, c'est de bonne guerre) après un rappel, à mon
avis nécessaire de la façon dont s'est construite « l' identité
française ».
Mettons nous d'abord à
la place de quelqu'un qui se trouve pour la première fois devant ce
mot: identité. On connaît la carte d'identité, on la demande plus qu'il
ne faudrait à certains, on a tous sa photo d'identité… Mais quand on
commence à réfléchir sur la véritable notion d'identité, c'est là que
tout se complique. Il semblerait que l'identité exprime la
reconnaissance du même, souvent dans la durée, ou une similitude qui
rend équivalent à partir de critères reconnaissables. On s'identifie par
exemple à partir de son statut social (rappelons cette belle maxime
sortie de la bouche de nos grands-mères: on ne mélange pas les torchons
et les serviettes…) à partir des représentations de soi et des autres,
souvent à partir de modèles proposés par la société ou ... de
contre-modèles. Je suis le premier, comme toi, comme vous, en quête
d'identité collective, à me projeter toute ma vie. On projette ses
caractéristiques sur les autres ou l'on tente d'expulser de soi des
traits qu'on refuse et qu'on fait porter aux autres, tout cela plus ou
moins consciemment… Il faut donc toute une vie pour construire cette
satanée identité qui nous échappe toujours plus ou moins car en
constante évolution… Rien de figé là dedans.
Il en est de même
pour un peuple. Et je vais adopter plus précisément le point de vue
occidental et plus particulièrement français que je connais mieux mais
le même processus fut ou est encore à l'œuvre partout, hier et
maintenant. Il suffit de se tourner vers les Tibétains, les Kurdes, les
Tchétchènes ou les Bretons, les Corses ou les Auvergnats … Même processus aussi dans le phénomène colonial.
Pour revenir au
modèle français, on doit compter en siècles, en millénaires de
maturation et de ruptures pour que l'homme qu'on appela « moderne »
puisse aboutir vers la fin de la Révolution de 89… et accoucher de ce
qu'on appelle aujourd'hui l'identité française, si elle existe…
C'est-à-dire des millions de personnalités individuelles qui ont
assimilé, combiné des apports multiples, intégré des héritages complexes
pour former ce qu'on peut appeler une identité dans laquelle on peut se
reconnaître aujourd'hui.
La belle affaire, me
dira-t-on… Il suffit de parler la même langue, d'avoir un même
gouvernement, une même religion et voilà qui est fait !… Si l'on se
replace un peu dans le passé, vers la fin du Moyen Age, et pour faire
plus couleur locale de l'époque, je répondrai: que nenni ! … Tout cela
ne s'est pas fait sans heurts et sans douleurs. L'unité s'est construite
dans le sang et les larmes, par la force et la coercition. Et l'époque
charnière de l'émergence de cette « Modernité » bâtie sur la répression
fut la trilogie des 16ème/17ème/18ème siècle. Avec un petit bonus pour
le 17 ème siècle, le Siècle de Fer…
La suite au prochain
numéro. Vous y découvrirez comment tout cela fut mis en place, bien
planifié pour faire de notre beau pays ce qu'il est aujourd'hui et pour
aborder des questions brûlantes toujours d'actualité malheureusement…
Passionnant, non ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire