... et aussi le simple plaisir d'écrire.

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Un peintre qui crée essentiellement une peinture figurative qu'on peut appeler fantastique, onirique, surréaliste,... Comme on veut... Bien que je ne sois pas insensible à toute forme d'art pourvu qu'elle me paraisse sincère et qu'elle provoque quelque chose en moi... Depuis toujours, je tente de peindre l'individu et la multitude, la matière brute et la lumière intérieure, l'arbre de vie, la femme et les racines, l'enfant et le devenir, la foule errante en quête de valeurs à retrouver, les voies parallèles, les mystères des origines et de la fin dernière... Les “SEUILS”, les félures, les passages qui font de nous d’ éternels errants insatisfaits entre mondes réels et rêvés , entre soi et autrui, entre Vie et Mort, entre bonheur et malheur... Un acte de peindre, nécessaire, à l'origine de rencontres furtives mais intenses, et qui fait naître, quelquefois, au bout d'un pinceau fragile, une parcelle de soi... ...ou tout simplement le plaisir et la douleur de créer...

samedi 30 novembre 2013

Impressions temporelles. A lire si vous avez le temps ...

Toile de Delville


Au risque de faire ringard, je me souviens d’un temps où le temps s’écoulait plus lentement.  Quand on envoyait une lettre, il fallait du temps pour en recevoir la réponse, quand quelque chose nous était promis, on attendait... plus ou moins patiemment. L’attente, pénible, était aussi source de joie, joie d’imaginer, de se projeter … On était chacun dans son temps et son espace, libre, quand on le voulait, de rentrer dans l’espace et le temps de l’autre. Jadis, l’homme vivait au rythme des saisons et les liens se tissaient  progressivement entre moi et autrui, entre moi et un réel qui se gardait de répondre toujours présent à mon désir, immédiatement.

Aujourd’hui, le temps se compresse comme les fichiers, nous sommes tous, grâce au portable, à internet, dans une immédiateté collective. Nous sommes tous dans un temps collectif qu’on appelle l’urgence, un espace commun devenu mondial…
Partout où je vais, le portable est censé me rendre disponible, internet est censé me rendre accessible. Au point qu’untel ira faire ses courses, pendu au portable, pour savoir s’il faut acheter des pâtes n°1 ou n° 5… Dans un supermarché, le 11 novembre, c’est déjà Noël dans les rayons...
Le temps compressé m’a rendu impatient, la proximité immédiate du futur m’empêche de jouir pleinement d’un présent qui m’échappe. Le sablier s’est emballé. L’enfant, dès son plus jeune âge s’habitue au « tout tout de suite »,  alors que le temps de présence et de dialogue parental s’effiloche…, futur adulte qui ne saura pas ce que peut être un manque (sauf le vide affectif) et qui n'aura de cesse de vouloir tout combler dans l’immédiat.
On vit désormais en temps réel, l’anticipation exige son dû aussitôt, je ne souffre plus de remettre à plus tard… La culture du zapping s’intensifie.
Or le Temps, vieux lieu commun, est mortifère, il est la vie et la mort. Chaque seconde qui s’égrène m’ampute de quelques cellules. Or le Temps est le lieu du songe et de la réflexion. En voulant gagner du temps, l’homme moderne se hâte ainsi plus vite vers sa mort. On pourrait dire qu’il est si pressé qu’il ne s’aperçoit pas qu’il est déjà mort, mort à un présent qu’il ne supporte plus, ivre d’une maîtrise qui toujours lui échappera de toute façon…
Par cette façon de vivre son temps, nous mettons tout sur le même plan. Tout doit être contrôlé et satisfait avec la même urgence. Mais qui dit urgence ne dit pas forcément nécessité. Et qui dit intensité de l’instant ne dit pas forcément qualité. Finalement, nous nous sommes enchaînés à un Temps vorace, le Chronos affamé de ses enfants, qui a supprimé les temps de la réflexion pour faire de nous ces personnages de films muets agités en tous sens, fonctionnant sur un mode accéléré qui n’est pas celui de l’humain. Pas étonnant qu’on parle de plus en plus de dépression, de stress, lié au rythme du travail ou de la vie en général.

MAIS… Reconnaissons aussi à l’immédiateté, à la proximité de plus en plus instantanée et transparente, son sidérant pouvoir de mettre en corrélation des gens qui, sans les outils modernes de communication, n’auraient jamais pu se rencontrer, n’auraient jamais pu prendre conscience que leurs propres difficultés étaient aussi celles d’autrui, n’auraient jamais pu s’organiser ET SE REVOLTER … A l’heure de la communication immédiate, plus personne ne semble à l’abri de ses propres exactions, tout  arbitraire aura un prix à payer… Les dictateurs ne pourront plus dormir tranquilles entre deux mises à mort de routine. Les révolutions arabes sont aussi les enfants d’Internet. Difficile d’imaginer les suites mais savourons cette formidable explosion du Temps politique et social, cet inattendu éclatement d’un monde qu’on croyait définitivement figé.

Essayons donc de prendre conscience des risques du Temps accéléré et de l’Espace unifié tout en utilisant à bon escient leur considérable potentiel de liberté... Pas facile ...

Bon, je vais prendre maintenant le temps d’aller manger un morceau. La suite…. dans 5 interlignes.







C'est fait. Un peu comme la pipe de Magritte, ce qui suit n’est pas un texte de réflexion … même s’il en recèle quelques unes. Plutôt un vagabondage spatio-temporel dans la grande forêt neuronale. Oublieux des corsets de la thèse, antithèse et synthèse, prenons au hasard quelques chemins de traverse et laissons faire le Temps …....
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Comme dorénavant j’ai du temps, je me laisse aller, au fil de celui-ci, à en ressentir les effets variables et inédits. J’ai du temps, dis-je … C’est ce qu’il me semble. Sauf si je casse ma pipe (ce sera la faute à Magritte !) demain ou après-demain ... Perception illusoire de la réalité que je veux bien m’inventer. D’aucuns vivent avec l’épée de Damoclès temporelle constamment au-dessus de leur tête, d’autres s’imaginent toujours aux abords d’un champ des possibles illimité. ....
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Effets variables et inédits. Et pour cause !... Tout semble se précipiter « au jour d’aujourd’hui » comme on entend souvent dire autour de nous. Redondance langagière révélatrice qui nous ancre au présent faute de saisir pleinement l’avenir.....
Tout semble se bousculer, se télescoper, s’accélérer… Dans quelques jours peut-être, mon jardin disparaîtra sous 20 cm de neige ! Ce sera l’hiver enfin, semblable aux hivers redoutables de mon enfance qui s’installaient et duraient …  le temps d’un hiver. ....
Mais deux ou trois plus tard, toute trace de son passage aura disparu. Le jardin aura retrouvé son allure automnale et laissera même entrevoir quelques prémisses du printemps, des bourgeons précoces….... La Nature est devenue friande de l’ellipse, comme au cinéma. Sans transition, le vert supplante l’immaculé. Le temps météorologique qui rythmait jadis le Temps se prend pour Godard ou Lynch et joue les créateurs d’avant-garde, bousculant la chronologie, faisant éclater notre perception de la durée.....
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Noel approche pourtant, dans quelques jours … Temps répétitif et laconique des fêtes obligées. Pas de doute, il va bientôt me falloir ingurgiter une partie non négligeable de l’opulent volatile, traditionnellement offert en la circonstance… Il existe des traditions qui ont la peau dure et la chair tendre, espérons le ... Pourtant, le Temps s’est distendu. Dans nos magasins, âpres au gain, les cadeaux se sont accumulés depuis le mois de novembre et l’on voit déjà poindre les fèves des galettes alors que Noel n’est pas encore consommé … Déjà, l’on parle des soldes et des soldes avant les soldes. Bientôt Halloween, venu d’ailleurs. Chouette !.......
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Temps rétréci, contracté, compressé d’une neige éphémère … ....
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Temps étiré, distendu à l’envie … de nos désirs et des profits du commerce.....
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Temps de l’omniscience. Distorsion de l’Espace et du Temps: une perception de l’Espace inflationniste qui s’ouvre sur le monde, l’Univers, ainsi qu’une perception du Temps rétrécie, immédiate, quasi instantanée.....
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2014 va pointer un nez démesuré comme celui d’un Pinocchio plein de bonnes résolutions. Quand je me revois gamin de ces années 60 tant jalousées (Temps nostalgique … ), l’horizon 2000 avait des allures de mirage impossible à concevoir. Grâce aux moyens de télécommunication modernes, nous sommes devenus aujourd’hui de quasi « télépathes », adeptes de la « téléportation », franchissant allégrement des « univers » parallèles ou lointains. Je peux savoir dans l’instant ce que dit autrui, ce que fait autrui dans les coins les plus reculés de la planète. A l’inverse de nos ancêtres, nous vivons des Temps multiples, nous intégrons des vies d’autrui, nous assimilons une masse d’informations en temps réel … Oui, le monde improbable que j’appréhendais enfant, à la lecture des livres d'Asimov, Herbert ou K.Dick, s’est bien matérialisé, avec quelques variantes, et le plus improbable est que nous y sommes acteurs et non plus de simples lecteurs étourdis et rêveurs …....
Désormais quand nous dégustons la dinde (bien préparée, c’est possible), il ne  nous est plus permis d’ignorer un massacre ou une famine, si lointains et pourtant si proches.
Temps de la conscience universelle.....
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Temps trompeur aussi qui grossit le dérisoire et l’inutile. Temps des paillettes et des ors de pacotille …....
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Temps rageur qui accélère et s’emballe dans une course à l’Avenir, aléatoire et mortifère … ....
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« Ô Temps, suspends ton vol  !... », disait le poète. Mais s’il devait surgir du Temps suspendu de la tombe, il serait effaré, pris d’un vertige abyssal… Loin de le suspendre, le Temps a étendu son vol au risque de se perdre lui-même. D’une certaine manière, si notre perception du Temps se réduit de plus en plus à l’immédiateté, délaissant un passé vite obsolète et faisant du présent un futur aussitôt caduque parce que devenu présent trop tôt, elle condamne ce Temps à ne plus être… Il se réduit à un perpétuel présent inconsistant dont nous ne savons que faire … Le Temps se meurt de ne plus avoir de Temps morts… ....
A force de vouloir être partout et tout le temps, nous le boursouflons, le gonflons telle une baudruche pleine de vide. C’est peut-être cela, l’Apocalypse tant annoncée: omniprésence, omnipotence, omnivoracité spatio-temporelle… Et paradoxalement, un présent volatile (pas la dinde ...), réduit à peau de chagrin (le Temps des pleurs) qui nous fuit comme une sable léger entre les doigts. L’Homme, le Maître du Temps et de l’Espace ! Et chacun prisonnier de sa petite bulle de quelques nanosecondes .......
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Au moins, dès qu'il neigera, le jardin devenu blanc, silencieux, le Temps sera comme réellement suspendu cette fois, pour un temps… Nos Maîtres du pronostic et du temps météorologique faillissent souvent, le temps prévu s'improvise à leurs dépens et la neige s'invitera peut-être à la table des Rois, sous la table. On ne leur en voudra pas, on sera coincé à la maison pour quelques jours. On aura le Temps … Rien ne nous sera imparti. La neige aura figé le Temps, rendant à la saison sa raison d’être. Rêvons un peu … et attendons le Temps des moissons, des vendanges ou des cerises, patiemment, qui viendront en leur Temps … malgré les  fraises ou les fruits exotiques qui trônent en hiver à l'étal du  supermarché…

Temps superposés, enchevêtrés …....
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Temps de vous laisser .......


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